LE GUIDE DE L’ÉTAPE 2

COMMENT PROTÉGER MES DONNÉES
ET ÉVITER DE ME FAIRE MANIPULER ?

MAITRISER.png

Cette deuxième étape du parcours a pour objectif d’aider les jeunes à adopter une attitude critique face aux données qu’ils consomment et qu’ils produisent.

Ils apprennent à gérer la diffusion et la manipulation de leurs données, à la fois en développant des pratiques de confidentialité et de protection de la vie privée mais aussi via des stratégies d’abonnements multiples. Cette étape leur permet également de comprendre la différence entre corrélation et causalité, et comment on peut tirer des conclusion hâtives à la lecture de données, voire même leur faire dire n’importe quoi. Ils découvrent enfin comment les données peuvent être sélectionnées ou manipulées pour servir un discours et des intérêts.

À l’issue de cette étape, les jeunes sont capables de :

  • Maîtriser leurs traces et gérer leurs données personnelles pour protéger leur vie privée et adopter des pratiques éclairées (confidentialité, stratégies d'abonnements multiples...)

  • Formuler une problématique en s'appuyant sur des données

  • Cerner les limites d'un discours basé sur les données

Seuls les enfants de 6 à 12 ans ne sont pas concernés par la première capacité, et ceux de 6 à 9 ans ne sont pas non concernés par la deuxième.

 

Pour développer votre compréhension des sujets traités dans cette deuxième étape, voici quelques éclairages.


Quelles sont les traces que nous laissons derrière nous
quand nous utilisons des outils numériques et médiatiques ?

Un peu à la manière des traces de pas dans la neige, il est impossible d'évoluer dans les mondes numériques sans laisser de traces derrière nous. Qu'elles soient transmises intentionnellement ou enregistrées automatiquement ces traces sont multiples et sont nécessaires au bon fonctionnement des outils numériques. 

Certaines de ces traces sont évidentes. L'inscription sur un réseau nécessite de donner son adresse mail, son nom, un pseudonyme ou un numéro de téléphone. Une fois inscrit sur ce réseau, on va s'abonner à d'autres comptes, publier des photos, liker des vidéos, etc. Tout ça, ce sont des traces que nous laissons volontairement au réseau. 

Il existe aussi des traces moins évidentes, que nous laissons sans forcément en avoir conscience. Par exemple, consulter un produit sur un site d'e-commerce va laisser des traces, en particulier le temps que nous allons passer sur la page du produit. De la même manière, valider sa carte de transport constitue aussi une trace que nous laissons !

Ces traces financent en grande partie Internet tel que nous le connaissons en permettant aux annonceurs de cibler précisément les destinataires de leurs campagnes. Combinées entre elles, elles révèlent des informations significatives sur une personne, ses goûts, ses habitudes, ses opinions politiques, son état de santé... Elles sont donc à lier à la notion d'identité numérique. 

Pour se faire une idée des données qu’un site internet peut récolter sur nous : https://clickclickclick.click/

 

Quelles pratiques adopter pour garder le contrôle sur nos données personnelles ? 

Que les services en ligne récoltent toutes ces données personnelles nous concernant, ce n'est pas une fatalité et il existe des pratiques pour garder le contrôle sur nos datas. Depuis 2018, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), une loi européenne, donne plus de contrôle aux citoyens européens sur leurs données personnelles en ligne. Le RGPD prévoit notamment un droit d'accès, de rectification et d'effacement. C'est à dire qu'il est possible aujourd'hui de demander à un média social d'avoir accès à toutes les données qu'il possède nous concernant. Cela se fait souvent par le biais d'un formulaire à remplir trouvable dans la section "confidentialité" des sites internet. N'hésitez pas à faire cette demande, certains réseaux comme Instagram permettent même de voir les intérêts publicitaires qu'ils ont déterminé pour nous. Il est de plus possible de corriger ces données si elles ne correspondent pas à la réalité, voire de demander au réseau de supprimer l'intégralité des données qu'il possède sur nous. Cette option peut notamment être envisageable dans le cas où nous n'utilisons plus un réseau, il vaut donc mieux supprimer son compte ! Aussi, le RGPD nous donne le droit d'accepter ou de refuser les cookies lorsqu'on visite un site internet.


Il existe de plus des alternatives aux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, les 5 géants de la tech américaine). Cela demande parfois quelques compromis, il existe bien souvent des équivalents libres ou moins gourmands en données personnelles que les services proposés par ces entreprises. On peut citer entre autres Qwant, un moteur de recherche qui n'utilise pas nos données pour nous montrer de la publicité, où la myriade de logiciels open source tels que Libre Office, qui sont des alternatives viables à la Suite Office de Microsoft. 

Enfin, installer un bloqueur de publicité tel qu'AdBlock permet de se prémunir de la publicité intrusive lorsqu'on visite le web. 

 

Quelle est la différence entre corrélation et causalité ?

Pour éviter de tomber dans des facilités logiques, il est important de ne pas confondre corrélation et causalité. Une forte corrélation n’implique pas forcément une causalité entre les deux données qu’on étudie. Si on se base uniquement sur une forte corrélation, on tombe parfois sur des corrélations absurdes entre deux données…

Dans cette vidéo proposée par Le Monde, on nous expose toutes les subtilités logiques pour ne pas tomber dans le panneau :

En plus, les journalistes du Monde se sont amusés à proposer tout un tas de corrélations absurdes qu’on peut visualiser suivant des combinaisons différentes !

 

De quelles manières les données sont parfois manipulées pour servir des discours ?

Ahh les discours politiques, que seraient-ils sans les données ? Combien de graphiques, de chiffres, de sondages, de statistiques sont brandis dans les discours politiques, utilisés dans les médias pour nous traduire en une phrase, en un graphique, en un coup d’oeil les fondements d’un message, la réalité d’une actualité ?

Sauf que si, par exemple, les données peuvent permettre aux partis politiques une meilleure compréhension de leur électorat et de leurs besoins immédiats, elles sont aussi parfois utilisées à des fins purement politiques. Leur objectif alors : inciter à la peur voire à la haine, générer de l'anxiété et de l'incertitude. Elles rendent alors tout débat infructueux et cherchent bien davantage à la recherche du pouvoir qu’à celle de la vérité.

Toute donnée est manipulable et encore plus à partir du moment où elle est représentée : omission de certaines données dans les représentations, comparaison de données qui ne sont pas comparables, visualisations trompeuses qui s’appuient sur des techniques de trompe l’oeil… La liste de techniques pour manipuler les données est longue.


Et si vous voulez des preuves : voilà une vidéo (certes un peu longue mais dans laquelle vous vous ne ennuierez pas) pour comprendre tout ça :

Dans tous les cas, parce qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux données, il est nécessaire de s’équiper pour contourner savoir contourner ces manipulations. Car la donnée n’est pas synonyme de vérité, et les discours qui utilisent les données restent des discours…